Q : Pourquoi a-t-on besoin d’un centre ou d’une pagode pour pratiquer ces disciplines ?
R : La pratique de la méditation dans un centre ou une pagode est nécessaire pour avoir un maître ou un guide qui peut aider et diriger. Une fois l’expérience acquise, on peut continuer chez soi ou en groupe, mais il est important de consulter le maître régulièrement pour des conseils.
Q : Comment pratique-t-on samādhi ou la culture mentale ?
R : Il y a deux étapes. D’abord, on pratique Samatha pour calmer l’esprit et se débarrasser des cinq empêchements (désir sensuel, malveillance, torpeur, agitation, doute). Une fois le mental libéré, on passe au stade de Vipassanā pour développer la connaissance de la nature exacte des choses, voir ce qui est bien ou nuisible, et surtout voir l’impermanence, la souffrance et le non-ego. Cela permet au mental de se détacher des choses et de se libérer des désirs, attachements et fausses visions de soi. Pour cette pratique, il faut l’Attention (Sati) fixée sur l’objet de la pensée, la foi (Saddhā) dans la pratique, la persévérance (Viriya), et la sagesse (Paññā) ou vision claire.
Q : Je commence à comprendre un peu, pouvez-vous expliquer de façon détaillée ?
R : Le pratiquant doit fixer son esprit sur un support bénéfique (kusala). L’esprit doit rester conscient de ce support, même s’il a tendance à vagabonder. L’attention (sati) est comme une corde qui attache l’esprit (le singe) au support (le piquet). Si le support est la respiration, l’esprit doit être conscient du mouvement de l’air. La vigilance (sati sampajañña) veille à ce que l’esprit ne s’égare pas et le ramène au support s’il y a un moment d’absence. Pouvoir garder l’esprit attaché à une seule occupation pour un temps est Samatha.
Q : Qu’appelle-t-on un support méritoire ou bénéfique ?
R : Un support méritoire apporte deux avantages : le calme et l’éviction des mauvaises pensées et actions. C’est pourquoi il est conseillé de toujours prendre des supports méritoires.
Q : Quelles sont les différentes sortes de supports dans la pratique du Samādhi ou Samatha ?
R : Dans l’Abhidhamma et le Visuddhimagga, on distingue 7 catégories de supports comprenant 40 sujets au total. Ces catégories incluent les outils de méditation (Kasiṇa), les objets non attirants (Asubha), les sujets de remémoration (Anussati), les demeures divines (Brahma vihāra), la perception de l’aspect non attirant de la nourriture, l’analyse des quatre éléments, et les Arūpa (absence de substance matérielle).
Q : Faut-il avoir une préparation spéciale avant de commencer la méditation ?
R : Non. Il faut se méfier des faux maîtres qui imposent des rites inutiles. On a juste besoin d’un endroit calme et propre, et de se libérer des préoccupations. Les offrandes de fleurs ou le refuge dans les triples joyaux sont permis pour les bouddhistes, mais il ne faut pas perdre trop de temps à réciter des prières.
Q : Peut-on pratiquer la méditation, seul sans l’aide d’un maître ?
R : La pratique sans l’aide d’un maître est très difficile et on peut rencontrer des problèmes ou se tromper. C’est comme se soigner sans médecin en se basant uniquement sur les livres. Il est préférable de trouver un maître ou un bon ami. Une fois les notions de base acquises, on peut pratiquer chez soi, mais il est bénéfique de consulter le maître ou l’ami périodiquement.
Q : Faut-il apprendre couramment les textes en pali ou non ?
R : Non, la méditation ne consiste pas à apprendre par cœur les textes en pali. Samatha consiste à garder l’esprit fixé sur un seul support, comme le mot pali Buddho en inspirant et expirant.
Q : Lors des séances de méditation je n’arrivais pas à calmer mon esprit. Il est très dispersé. Que devrais-je faire ?
R : Pour un débutant, c’est normal car l’esprit est habitué à vagabonder. Il faut de la patience et de la vigilance, et avoir confiance en sa force et sa foi.
Q : J’ai fait beaucoup d’efforts dans la pratique de Samatha. Mais je n’ai pas de bons résultats. Que devrais-je faire ?
R : Trop d’efforts et d’impatience n’apportent pas de bons résultats. Il faut démarrer doucement, prendre conscience du support patiemment, et essayer de fixer son esprit. Si vous arrivez à rester conscient du support pour quelques minutes, c’est déjà bien. Gardez votre calme et ne vous énervez pas. Si l’esprit s’envole, laissez-le partir, suivez-le consciemment, puis ramenez-le doucement au support. Si cela persiste, changez de position ou de lieu un instant.
Q : Comment pratique-t-on la marche méditative ?
R : La marche méditative est une marche ordinaire où l’esprit est conscient de tous les mouvements des pieds. Le support est la marche. Soyez conscient de lever, avancer et poser chaque pied. L’esprit doit être conscient de ces mouvements à chaque instant. On regarde devant soi. On peut aussi observer la nature exacte de la marche, sa naissance, son évolution et sa disparition, voyant des pas qui se succèdent plutôt qu’une personne qui les exécute.
Q : Au cours de ma pratique en position assise, j’ai tendance à m’endormir. Que devrais-je faire pour enrayer cette mauvaise tendance ?
R : Calme et endormissement semblent similaires mais sont différents ; dans le calme on reste conscient, l’endormissement fait perdre cet état. Il faut faire appel à la vigilance pour ne pas sombrer dans le sommeil. La persévérance mène au succès. Si la somnolence persiste, changez de position (levez-vous, marchez). Évitez de trop manger avant de méditer.
Q : Quelles sont les autres techniques de concentration ?
R : Il faut purifier l’esprit en pratiquant les préceptes (Sīla), contrôler les six sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher, mental), éviter de trop manger et parler, ne pas fréquenter de personnes hostiles à la pratique, et pratiquer le plus souvent possible en étant conscient de ses occupations quotidiennes. Être conscient de ses gestes au moment où on les exécute est Samatha.
Q : Je n’ai pas une bonne santé, je ne peux pas m’asseoir longtemps, la position allongée est-elle autorisée ?
R : La méditation peut se faire dans toutes les positions : allongé, couché, debout, assis, ou en marchant. Elle peut aussi se faire en bougeant, mangeant, buvant, etc., en étant conscient de ces gestes. Si l’on a foi et que l’on est sérieux, tous les gestes de la vie courante peuvent être Samādhi et des actes méritants.
Q : Certains pratiquants disent qu’ils ont acquis une joie spirituelle intense (Pīti). Quelle est cette joie spirituelle intense ?
R : Contrairement aux plaisirs liés aux sens, la joie spirituelle est ressentie par ceux qui n’ont plus d’attachement aux objets des sens. Libérés de la convoitise, de la colère, de l’envie, de la malveillance, ils retrouvent la quiétude et la sérénité, ce qui est Pīti. Il existe 5 sortes de joies spirituelles intenses : petite joie, joie passagère, joies par vagues, joie intense donnant l’impression de s’envoler, et joie intense et béate avec sensation de bien-être dans tout le corps.